Balade dans Montpellier...

Une cité entre tradition et modernité

 

 

 

 

les 1er, 2 et 3 juin 2007

 

« Evénement littéraire incontournable au point d’être devenu la deuxième manifestation nationale du genre après le Salon du livre de Paris, la Comédie du Livre accueille plus de 110.000 visiteurs chaque année.

Alors, avec Dante, renommons cette année la manifestation du titre de la grande œuvre de l’auteur italien : la divine comédie du livre ! »

 

 

  

Ce vendredi 1er juin 2007, la Comédie donnait une fête à ses libraires et à ses écrivains. On reconnaissait là un artiste de cinéma, ici un ancien ministre dédicaçant ses œuvres. Mais ceux qui ont attiré mon attention et ma sympathie sont bien les anciens combattants contant leur guerre d'Algérie avec la singulière intensité de la vérité qui prend aux tripes.

 

   

Itinéraires et description de tous les stands de la divina Commedia !

 

 Guillaume, le petit-fils de Henry de Monfreid publie un bel ouvrage des
voyages extraordinaires de son grand-père.

 

Philippe Frey étale sur la banque ses nombreux ouvrages concernant les déserts et les nomades. Il me l'a certifié "Le dernier Tartare" ne s'inspire en rien du "Désert des Tartares" de Dino Buzzati qui écrivait : « Il n’était pas imposant, le fort Bastiani, avec ses murs bas, et il n’était pas beau non plus, ni pittoresque malgré ses tours et ses bastions ; il n’y avait absolument rien qui rachetât cette nudité, qui rappelât les choses douces de la vie. Et pourtant, comme la veille au soir, du fond de la gorge, Drogo le regardait, hypnotisé, et une inexplicable émotion s’emparait de son cœur. Et derrière, qu’y avait-il ? Par-delà cet édifice inhospitalier, par-delà ces merlons, ces casemates, ces poudrières, qui obstruaient la vue, quel monde s’ouvrait ? À quoi ressemblait ce Royaume du Nord, ce désert pierreux par où personne n'était jamais passé ? »

 

  

 On ne présente plus Teddy Alzieu. Sa volumineuse publication de photos et de cartes postales de nombreuses
villes d'Algérie témoigne pour lui.

 

   

 

 

Jean-Baptiste Ferracci est un ancien combattant de la guerre d'Algérie, libéré en 1962. Il publie ce recueil d'images de l'Algérie des années 60 « en hommage à toutes les victimes de ce conflit dont le souvenir pathétique demeure inscrit dans les mémoires, dans les cœurs et les âmes. »

 

Ci-contre la dédicace de son livre « Images vécues de l'Algérie en guerre ».

Je ne sais pas si j'étais bien lucide à l'époque, comme veut bien l'écrire Ferracci, mais je peux confirmer que j'ai servi avec honneur et dans l'honneur !

 

 

  

 Raphaël Delpard. Il n’a pas fait la guerre d’Algérie et il n’est même pas Pied Noir mais aborde
la question des souffrances de tout un peuple à qui personne jusqu’ici n’a rendu justice.

 

 

Luc Ferry, ancien ministre de l'éducation, petit-fils de Jules Ferry qui fit voter les lois instituant l'école républicaine laïque et obligatoire, dédicace son dernier ouvrage.

 

 

  

À gauche, Frédéric-Jacques Temple, écrivain montpelliérain fils d'Emmanuel qui fut Gouverneur Général de l'Algérie. Sa barbe fleurie lui confère la prestance d'un prophète biblique (1). Il est en compagnie de Fabien Sanchez jeune écrivain parisien. À droite, un écrivain Afghan parlant parfaitement le français présente son livre "Afghanistan".

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(1) Le magazine "Montpellier Agglo" dans son numéro 20 de février 2014 se fait l'écho de la rencontre avec Frédéric-Jacques Temple pour saluer le prix Apollinaire 2013 qui lui a été décerné.

 

  

Deux sourires pour convaincre les visiteurs d'acheter ? Mais non ! C'est du naturel en or massif. De la sympathie à grandes brassées. Barbara ne me dementira pas. N'est-ce pas ? Quant à Jean-Claude Tardif, il est catégorique : il existe aussi des histoires d'amour (ses dernières nouvelles).

 

 

Le sympathique gérant de la "Bouquinerie du Languedoc" qui ouvre ses portes du mardi au samedi au 12 rue de l'Université à Montpellier nous présente sa collection de BD anciennes et modernes. Le plaisir de chiner !

 

 

  

 La toile des stands claque au vent et les visiteurs transis de s'y presser à l'intérieur en grand nombre.

 

Revoilà Moussa le touareg que j'avais déjà photographié sur l'esplanade en compagnie de son dromadaire lors de l'inauguration du musée Fabre. Il vend toujours ses disques pour construire l'école des sables. Son livre "Il n'y a pas d'embouteillage dans le désert" se vend aussi très bien. Souhaitons-lui bonne chance dans son entreprise.

 

 

Richard Bohringer m’a dédicacé un petit recueil « Carnet du Sénégal » dont il est l’auteur des textes (voir ci-dessous). Avec le groupe Aventures, il se produit à l'Antirouille, cabaret bien connu des Montpelliérains. C’est avec toutes les marques d'amitié que nous avons échangé une franche poignée de main.

 

J’aurais bien voulu, sur cette page, montrer ce grand acteur mais, contrairement à mon attente, il ne m’a pas donné l’autorisation de le publier sur internet. Dommage !

 

 

   

 

 

Très désappointé par le refus de Richard Bohringer, inconsciemment, je me remémore la plainte du héros de Virgile : « Musa, mihi causas memora, quo numine læso, quidve dolens regina deum tot volvere casus insignem pietate virum, tot adire labores impulerit.Tantæne animis cælestibus iræ ? ».

Enée s’exprimait vraisemblablement en grec mais l’auteur de l’Enéide en a heureusement fait une traduction en latin qui, transposée en français, peut s’écrire ainsi : « Muse, rappelle-moi les causes de ces événements, dis-moi pour quelle offense à sa divinité, pour quelle injure, la reine des dieux poussa un héros, insigne par sa piété, à courir tant de hasards, à affronter tant d’épreuves. Est-il tant de courroux dans l’âme des dieux célestes ? » 

 

 

 

Je quitte la Comédie du livre non sans prendre quelques derniers clichés dont celui de gauche qui présente un ciel tourmenté de toute beauté et en parfaite harmonie avec mon état d'âme !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les stands empiètent largement sur l'esplanade et le vent gonfle les grands panneaux indicateurs.

 

Je me dirige vers les estaminets et glaciers qui font recette de l'autre côté des stands où je retrouve ma femme...

 

 

... qui m'attend sous un parasol.

 

   

La consommation au "Jardin des glaces" est un vrai plaisir qui me rend le sourire...

 

... alors qu'Antoine, l'accordéoniste, entame un air espagnol et qu'une jeune fille esquisse devant lui un pas de danse.

Le temps de reprendre et de mettre en marche mon appareil photographique, la jeune demoiselle est déjà partie avec quatre ou cinq de ses amies. Je me précipite vers le groupe en laissant ma glace se réchauffer, et je demande à la jolie brunette costumée de bien vouloir danser de nouveau pour un cliché à mettre sur internet. Elle a un instant d'hésitation mais ses amies, riant aux éclats, l'incitent à recommencer.

 

Et voilà le cliché. N'est-elle pas jolie notre gentille danseuse ?

 

Nous terminons notre glace et allons visiter le Pavillon populaire qui expose des photographies italiennes du début du siècle.

Une surprise m'attend : quatre clichés en noir et blanc du boxeur Primo Carnera, champion du monde en 1933, par KO, face à l'Américain Jack Sharkey.

 

Mon père m'en parlait souvent comme d'un boxeur gigantesque (une stature de plus de 2 mètres) et je pensais jusqu'à ce jour qu'il était Espagnol. Mais non, j'ai dû me rendre à l'évidence, il était Italien !

 

 

 

Nous laissons derrière nous le Pavillon populaire, où il était interdit de prendre des photographies, pour une courte visite à Edmond Leenhardt, architecte montpelliérain, que  le Pavillon Bacouet met à l'honneur. L'on doit à Edmond Leenhardt la construction de l'Institut Bouisson-Bertrand (1) au style "néogothique anglicisant", mais aussi les premiers ensembles d'habitations à bon marché que l'on peut voir rue Yvan (Clichés ci-contre).

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(1) Deux clichés de l'Institut Bouisson-Bertrand figurent à la page consacrée à la cathédrale Saint-Pierre. Vous pourrez ainsi apprécier, en toute connaissance de cause, la qualité de l’œuvre de Leenhardt.

 

 

 

Après cette visite impromptue, nous retournons sur nos pas en direction de la place de la Comédie en passant de nouveau devant les stands autour desquels de nombreux chalands se pressent pour un dernier achat...

 

 

... pendant que Georges le Roumain interprète au bandonéon une milonga (2) que chantait ma mère il y a bien des années :

 

« Adiós muchachos compañeros de mi vida

Barra querida de aquellos tiempos

Vengo ahora aprender la retirada

Alejarme de mi buena muchachada... »

 

 

 

 

En contrepartie du cliché et de l’autorisation de le publier sur l’internet, Georges me demande quelques pièces de monnaie que je m’empresse de mettre dans le gobelet en plastique qui se trouve derrière lui, accroché à la sono.

 

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(2) Voyons ce que dit Nelida Rouguetto, une journaliste de la presse écrite et de la radio en Argentine. C'est un chercheur spécialisé dans la musique et les créateurs du tango. Elle est fondatrice d'institutions renommées comme « Gente de tangos » et « La casa del tango » :

 

« Le tango, comme toute manifestation d’art populaire, a des origines incertaines. L’empreinte laissée par la créativité de chaque artiste a été très importante. Il existe une documentation depuis environ 1850.

À cette époque, Buenos Aires était seulement une « grande bourgade » et on y écoutait les accords des guitares et les chants des gauchos qui parvenaient à introduire des formes créoles que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de « cielitos », « vidalas », « estilos », « milongas », et qui se mêlaient ensuite à d'autres sonorités qui arrivaient du fleuve, comme « la habanera », « le son cubain », des musiques qui faisaient le voyage aller et retour entre l’Espagne et Cuba et arrivaient avec les marins et les passagers dans le port de Buenos Aires. La musique des premiers tangos avait une tonalité gaie, picaresque et fanfaronne à l’image de ces hommes tendres (les gauchos) malgré leurs solitudes. Au fur et à mesure que se forgeait sa base musicale, naissait la danse avec ses « cortes » et ses « quebradas » que les habitants de Buenos Aires imprimaient à leurs mouvements cherchant à imiter les danses des noirs et des mulâtres qui habitaient la ville. Les premiers trios comprenaient : une guitare, un violon et une flûte ou un harmonica voire quelque mandoline. Les interprètes « à l’oreille » (des musiciens intuitifs incapables de lire une partition) étaient engagés pour jouer dans ces « maisons de danse » afin de divertir les clients dont s’occupaient « d'agréables jeunes filles ». Le piano existait déjà dans les foyers « riches » depuis les années 1800. A la fin du 19ème siècle, on l'introduisait dans les « maisons de luxe » comme celle de Laura Montserrat, mais les classes populaires ne pouvaient accéder qu’à la guitare. Il n’y a pas de documents qui permettent de préciser la date exacte de l'apparition du bandonéon, instrument d’origine allemande, qui devint le son que nous identifions comme « la voix du tango ». Depuis ses premiers accords anonymes, la musique du tango fut en constante évolution et en accord avec les changements techniques et sociaux de chaque époque. Des musiciens aux connaissances musicales plus grandes s’y intéressèrent.

Les artistes du tango participèrent aux spectacles des théâtres et les premiers enregistrements, à partir de 1920, à travers la radio, entrèrent dans tous les foyers et plus tard avec le cinéma, par l’image et le son, augmentèrent leurs canaux de diffusion, et les musiciens, danseurs et chanteurs qui conquirent la reconnaissance populaire furent tous les jours plus nombreux. De nombreux tangos trouvèrent alors des auteurs de paroles et de musiques pour chaque type d'interprétation jusqu’à aujourd’hui. Les paroles des tangos avec leurs mélodies forment une unité esthétique qui permet à la voix de raconter les histoires. Et à partir de Carlos Gardel la façon de « chanter » le tango n’a cessé de se diversifier, tant chez les compositeurs que chez les chanteurs. Dans le genre du tango, l’interprète peut offrir son art avec une totale liberté sans jamais en dénaturer les origines tout en suivant son évolution. Les techniques actuelles permettent aux professionnels de rénover certaines idées sur cette « essence » artistique issue du peuple, réussissant à rendre visible le mystère d’un son d'hier avec un son d'aujourd’hui. »

 

 en page 2 : la Comédie du livre 2008
Sous le signe de la Russie...

... et de la pluie !

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