Balade dans Montpellier...

Une cité entre tradition et modernité

 

 

 

 

 

 

En avant-propos, c'est avec l'aimable autorisation de Patrick, qui exerce la charge de sacristain à la Chapelle Royale des Pénitents Bleus et qui anime le site "La Chapelle des Pénitents Bleus de Montpellier" (1), que je reprends, ci-dessous, l'historique de la Compagnie des Pénitents Bleus et de la construction de la Chapelle. Vous trouverez sur le site de Patrick de très belles photographies, souvent poignantes au regard des dégradations dont souffre cet édifice, et d'autres, pleines d’espoir, sur l'avancement des travaux entrepris pour la rénovation de ce sanctuaire.

La plupart des photos sont des 26 et 27 septembre 2006.

D'autres, du 18 septembre 2010 prises lors des journées du patrimoine.

 

 

Petit historique de la Chapelle Royale des Pénitents Bleus de Montpellier

 

C'est en 1746, sous le règne de Louis XV, qu'une ordonnance épiscopale de l'Evêque de Montpellier créa la "Dévote Compagnie des Pénitents Bleus de Montpellier". Un an plus tard, le Parlement de Toulouse valida cette décision et accorda à cette Compagnie le nom de "Royale". Mais en réalité la Compagnie existait déjà (et ce depuis la moitié du XIe siècle) sous le nom de "Confrérie Saint Claude".

 

Cette dernière avait vécu cinq siècles sans problème majeur durant lesquels des générations de Confrères ont assuré des activités humanitaires au service de l'hôpital et du cimetière Saint-Barthélémy, situés l'un et l'autre dans le secteur sud-ouest de Montpellier.

 

Les guerres de religion, qui sévirent aux XVIe et XVIIe siècles en Languedoc et furent particulièrement violentes à Montpellier, entraînèrent malheureusement de graves perturbations dans l'apostolat des Pénitents et la totale détérioration de leurs lieux de culte.

 

La période révolutionnaire eut les mêmes effets puisqu'elle provoqua la destruction de la belle chapelle que les Pénitents Bleus avaient fait construire en 1746, toujours dans le même quartier de Montpellier, à deux pas de la Babote qui servait d'observatoire aux astronomes de la Société des Sciences.

 

La chapelle actuelle de la rue des Etuves, de style néo-gothique (troubadour), a été construite entre 1846 et 1848. Propriété privée, elle est entièrement à la charge de la Compagnie qui y fait depuis dix ans d'importants travaux d'entretien et de restauration, dont le financement est lourd, mais qu'elle assure grâce à l'appoint d'âmes généreuses.

 

(1) Vous trouverez un lien avec ce site en cliquant sur "Les liens".

 

 

Allons maintenant au 11 rue des Etuves où la très belle Chapelle Royale des Pénitents Bleus ouvre sa porte latérale l'après-midi. Profitons de cette opportunité pour la visiter.

 

La façade caractéristique du style néogothique dit "troubadour" avec ses trois porches richement sculptés.

Au sommet, la statue de la Vierge, bras ouverts, en signe de protection de la ville.

 

Le côté latéral, rue Loys. Des soupiraux, aux gros barreaux d'acier, éclairent et aèrent la crypte (qui se trouve sous la chapelle) de la comtesse Albine de Montholon dont l'époux, Charles Tristan comte de Montholon, accompagna Napoléon à Sainte-Hélène.

 

 

La crypte étant du domaine privé, il n'est, en principe, pas permis de la visiter sauf exception. Ce qui a été le cas lors de la journée du patrimoine du samedi 18 septembre 2010.

 

Derrière le porche d'entrée de l'église, une porte assez banale conduit à la crypte de la contesse Albine de Montholon, où l'on découvre...

 

Pour découvrir la crypte, cliquez sur la photo...

 

 

     

La Vierge des Pénitents Bleus, bras ouverts, piétinant le serpent tentateur.

 

 

 Le somptueux porche ogival de l'entrée principale.

 

À l'intérieur, le très bel orgue se trouve au-dessus du porche. Une galerie fait le tour de la nef.

 

Photographie de gauche : près de l'entrée latérale, une plaque partagée en deux par une croix, surmontée d'une croix du Languedoc encadre la mention "Chapelle royale des Pénitents bleus" dont on peut voir un agrandissement ci-dessus.

 

On peut y lire :

Côté gauche, "Pour l’œuvre de Monseigneur de Pradel fondée en 1684 dite Œuvre du Prêt gratuit"

Côté droit, "Pour les œuvres de la Confrérie, l'entretien de la Chapelle et de la Crypte"

 

 

 

Historique de la Compagnie des Pénitents Bleus :

 

« La 31ème année du règne de S. M. Louis XV et la 6ème du pontificat de S. S. Benoît XIV

Sa Grandeur Monseigneur Georges Lazare Berger de Charency,

Evêque de Montpellier

autorisa le 20 février de l'an de grâce 1746

l'antique Confrérie de Notre Dame du Charnier Bassin St Claude et St Michel

et charité St Barthélemy

établie à Montpellier en 1050 sous la très haute et très juste protection de

Guilhem III seigneur de Montpellier

et

Arnaud 1er évêque de Maguelone

à porter désormais

le très pieux et très respectable nom de

"Dévote et Royale Compagnie des Pénitents Bleus"

avec pour patronne la très Sainte Vierge

dont la fête sera solennellement célébrée le 25 mars jour de l'Annonciation

ainsi que les fêtes de St Claude le 6 juin et St Barthélemy le 24 août »

 

 

  

Au fond du chœur une belle et immense crucifixion en marbre de Carrare. À droite, l'agrandissement de la pietà. Vraisemblablement, saint Jean aux pieds de Jésus agonisant. Les pieds du Christ sont croisés. Sur le petit crucifix noir les pieds sont joints et la mort étant intervenue, tête rejetée en arrière, le corps fléchi s'abandonne retenu à sa croix par les quatre clous. Une œuvre d'un réalisme poignant. Le Christ, dans la solitude de la mort, est intensément humain.

 

  

La chapelle latérale de la Vierge de Lourdes.

 

  

Jeanne d'Arc gardienne de la chapelle latérale de la Vierge. De nombreux ex-voto recouvrent le mur autour de la statue de sainte Thérèse de l'enfant Jésus, dite la "petite" sainte Thérèse. La "grande" étant sainte Thérèse d'Avila.

 

   

La statue de Jésus et à droite celle de Jeanne d'Arc.

À ses pieds, une rose offerte et quelques suppliques de paroissiens.

 

  

À gauche, Jeanne d'Arc, casque aux pieds, l'oriflamme serrée contre son cœur. À droite, une autre chapelle latérale ogivale. Celle de sainte Rita. Le sommet de l'ogive et les murs sont tapissés d'ex-voto.

 

    

Ma grand-mère maternelle, qui avait de la religion, me disait que l'on  invoque sainte Lucie pour les maladies des yeux et sainte Rita, "la llorona" (la pleureuse), pour les cas désespérés. Les Espagnols, gens pieux entre tous, disent d'elle : "Tanto lo que lloró que el alma de su marido del infierno la sacó" (Elle pleura tellement qu'elle sortit de l'enfer l'âme de son mari).

 

  

À gauche, la statue de saint Roch de Montpellier montrant une blessure. À droite les armoiries des Pénitents Bleus. La signification de ce blason est assez hermétique : couronne d'épines traversée de tibias (ou de bâtons de pèlerin) en croix sous écu à trois compartiments. Un ruban rouge avec une mention latine "Christo et regi egenis et defungtis" ceinture le tout (Christ règne sur les vivants et les morts). Nous retrouvons sur l'écu le cercle rouge des Guilhem (ici un demi-cercle) déjà rencontré au presbytère de l'église de Saint Roch. Nous pouvons avancer que la croix représente l'engagement religieux des Pénitents bleus, les fleurs de lys la qualité royale de la Compagnie et le demi-cercle rouge, la tourte des Guilhem, seigneurs de Montpellier.

 

Le sac (la livrée) et le cordon des pénitents bleus.

Au fond de la photo, à gauche, l'on distingue nettement
le fanion des pénitents aggrandi ci-dessous.

 

   

Deux gonfanons dont l'un se réfère plus particulièrement à Montpellier.

 

  

La chapelle dédiée à saint Joseph accompagné de Jésus enfant et à saint Expédit.

 

Petit historique de saint Expédit : On invoque saint Expédit pour les cas urgents ou désespérés. Apprécié en Argentine, au Chili, à Cuba et surtout au Brésil mais aussi en Espagne, en France et à la Réunion, saint Expédit a fait l'objet d'une certaine méfiance de la part de Rome qui a demandé à deux reprises, en 1906 et 1965, d'enlever ses statues de toutes les églises. La foi des fidèles a fait que cela ne se réalise pas. Il est le saint-patron des soldats, des écoliers et des étudiants.

Officier de la 2ème légion commandée par César, Expédit embrasse très tôt la religion chrétienne. Une devise lui est attribuée : "Ne remets pas à demain ce que tu peux faire aujourd'hui".

On le représente quelquefois, la palme du martyr dans la main gauche, brandissant dans celle de droite une croix gravée du mot latin "HODIE" (aujourd'hui) et foulant au pied un corbeau qui croasse "CRAS" signifiant "demain". (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Il est supplicié et décapité le 18 avril 303 à Mélitène en Arménie (l'actuelle Malatya en Turquie).

 

    

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Tendue sur la porte d'entrée, au-dessus de la statue de saint Roch, cette très belle tapisserie à la Vierge étoilée marchant sur un nuage a été récemment rajoutée (voir plus haut la photographie du porche sans la tenture). Aux quatre coins nous retrouvons les armoiries des Pénitents Bleus et la mention "Dévote et Royale Compagnie des Pénitents Bleus" aux pieds de la broderie représentant la Vierge Marie.