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Nestor Burma - Léo Malet

Tardi / Daeninckx - Forest - Pennac

 

 

  

Les premieres phrases de "ICI MÊME"

J'ai comme tout le monde des opinions politiques. Elles sont faites de compromis et d'aménagements entre un romantisme atavique, qui soutient mon attachement à la liberté, à l'égalité des droits, à la justice sociale, au respect des individus, et les ruades de mon égoïsme, lequel oriente volontiers son rétroviseur nostalgique vers un dandysme peu soucieux des misères du monde et au demeurant inaccessible.

Mais qu'on ne vienne pas m'écrire dans le dos ce que je n'ai pas écrit. Qu'on n'aille pas voir dans "Ici même" un pamphlet, une satire de notre société ou des représentants de son régime.

En voilà des précautions. Aurais-je si peur d'un malentendu ?

 Extrait du volume "Ici Même".

 

 

La Guerre des tranchées 1914-1918 par Tardi

 

"C'était la guerre des tranchées" n'est pas un travail d'historien. Il ne s'agit pas de l'histoire de la première guerre mondiale racontée en BD, mais d'une succession de situations non chronologiques, vécues par des hommes manipulés et embourbés, visiblement pas contents de se trouver où ils sont, et ayant pour seul espoir de vivre une heure de plus, souhaitant par dessus tout rentrer chez eux. En un mot, que la guerre s'arrête ! Il n'y a pas de héros, pas de personnage principal, dans cette lamentable aventure collective qu'est la guerre. Rien qu'un gigantesque et anonyme cri d'agonie.

Tardi ne s'intéresse qu'à l'homme et à ses souffrances, et son indignation est grande. Il s'agit de l'Histoire de l'Europe et c'est à Sarajevo que commence le XXème siècle, celui de l'industrialisation de la mort. La première guerre mondiale, une trouvaille qui semble avoir plu : les gaz ont ouvert des horizons, donné des idées, tout ça était très moderne. Toutes ces idées étaient déjà bien ancrées chez Cro-Magnon. Cette brutalité, c'est l'homme qui la porte en lui. Seuls les moyens d'extermination se sont sophistiqués, et dans ce registre, on peut tirer un grand coup de chapeau à la guerre de 14-18 !

 

Le soldat patauge lourdement dans la boue. Il est chargé : à bout de bras, deux "bouteillons" pleins - la soupe encore chaude -, les gourdes de vin, le pain en bandoulière et les musettes remplies de singe. Il cherche l'entrée du boyau qui mêne à la tranchée où les autres attendent la bouffe. Il est presque à découvert et ne pense qu'à ça. Quelques balles perdues finissent leur trajectoire à hauteur de ses bandes molletières, elles viennent s'enfoncer, encore meurtrières, dans la boue jaune. Il fait encore nuit.

A chaque pas, son casque mal ajusté lui cogne l'oreille droite, gelée, prête à se casser comme du verre. Putain d'équipement ! Vraiment, y a pas de respect pour le contribuable qui se bat pour la Patrie !

Un tir de mitrailleuse... Alors il plonge au sol, s'étale à plat ventre. La crosse de son Lebel lui fiche un sacré coup dans les reins. La soupe se répand sur le sol, il sent la tiédeur du bouillon contre sa cuisse. Il essaie de dégager son fusil et s'empêtre dans les brides des musettes, les doigts plein de boue. C'est la confusion, le bordel, la panique et il faut pas bouger surtout ! Ça tire dur et pas loin. Les balles s'écrasent à quelques centimètres de son corps. Sûr qu'il va s'en prendre une, là, comme un con, allongé dans la boue...Allongé dans la merde, oui...Ça pue ! Au moins un boche qui pourrit pas loin ! On fait plus attention aux cadavres, il y en a tellement, par couches, des Français, des Allemands, on leur marche dessus, on les recouvre même plus...On vit avec et ils rendent des services, on accroche son bidon à un pied qui dépasse de la paroi de la tranchée... mais celui-là, de mort, il dégage sérieux !

 

Le soldat a passé la matinée à chercher de l'eau, il n'en a pas trouvé... Il s'est bien essuyé aux pans de sa capote. Ça se passait à Verdun.

 

Extrait du volume "C'était la guerre des tranchées".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La couverture de "Messieurs les enfants" est dessinée par Tardi

 

 

 

Pennac - La saga des Malaussène

 

 

Les couvertures sont dessinées par Tardi

 

 

 

 

 

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